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Je suis parti vivre à…. Caracas, Venezuela

Nouvelle interview dans la rubrique « je suis parti vivre à… ». Aujourd’hui nous parlons avec Florestan, est parti vivre au Venezuela depuis maintenant 2 ans. Une expérience hors du commun qu’il nous fait découvrir, pour notre plus grand bonheur dès à présent.

 

Partir vivre au Venezuela

Salut Florestan. On s’est rencontré il y a maintenant 9 ans en Australie, à Perth où nous faisions un Working Holiday Visa. Est-ce que tu peux te présenter en quelques mots et nous raconter ton parcours depuis ?

Salut Xavier, effectivement c’était vraiment une super rencontre dans un magnifique pays ! Déjà 9 ans 😖

Quand je suis revenu en France, j’ai poursuivi mes études. J’ai donc effectué une licence, et en ai profité pour décrocher un stage à Vancouver, au Canada où je suis resté 3-4 mois tout en perfectionnant mon anglais. J’ai terminé en faisant un Master au sud de la France, puis j’ai trouvé un stage en Nouvelle-Calédonie pendant 6 mois pour le stage de fin d’études. On va dire que j’ai continué à voyager en étudiant.

Ensuite j’ai travaillé 1 an en France, puis j’ai rejoins le monde humanitaire. D’abord une mission en Haïti, ensuite une mission courte en France. J’ai ensuite effectué un road trip de plusieurs mois en Amérique latine pour maîtriser parfaitement l’espagnol (Costa Rica, Panama puis Colombie) avant de venir travailler depuis maintenant 2 ans au Venezuela.

Du coup durant les dernières années, tu as eu l’occasion d’habiter en Haïti et maintenant, vivre au Venezuela. Qu’apporte des expériences comme celles-là dans tes habitudes « Françaises » et en quoi cela les modifie ?

Je voulais dès le début de mes études pouvoir ensuite travailler à l’étranger, comme le dit si bien mon dicton préféré « Find a job you don’t need a vacation from ». Travailler tout en découvrant de nouvelles cultures, des paysages magnifiques, et ce que j’aime plus que tout c’est que mon travail me permet d’aider la population, donc c’est vraiment parfait. Il n’y a presque pas de routine et cela me plaît énormément.

Je dirais que cela fait relativiser à fond, c’est d’ailleurs ce côté quand je reviens en France qui me rends fou, avec les plaintes inutiles, car les Français ne se rendent pas du tout compte de ce qu’ils ont et de la chance qu’ils ont d’être né ici.

Ailleurs, des gens vivent uniquement grâce aux quelques légumes ou fruits qu’ils vendent. S’ils ne vendent rien ils ne peuvent pas se nourrir, ni leur famille pour la journée. Certains n’ont pas d’eau qui sort du robinet, pas d’électricité, pas de gaz ou seulement pendant quelques heures chaque jour.

On a une chance énorme et une seule vie. Je pense qu’il faut réaliser ses rêves, car cela passe très vite et on ne sait pas de quoi est fait demain.

Avant de parler plus en détail du Venezuela, ton regard sur le monde change-t-il au fil de ces expériences ?

Totalement, car même en visitant des endroits différents, je travaille dans des structures où la population souffre énormément avec des problématiques très éloignées. C’est cela qui me permet de m’interroger sur quel est mon réel but dans la vie, ne pas avoir de regrets et faire ce qui me rend heureux.

Avec ce que les médias nous montrent, quels étaient tes aprioris sur le Venezuela avant ton arrivée et ces derniers se sont-ils confirmés ou non?

Avant d’arriver, je pensais que c’était un beau pays mais extrêmement dangereux. Les infos ne parlent pas du tout du Venezuela. Ces aprioris  se sont totalement confirmés. C’est un pays magnifique avec la même température toute l’année (~28° )  mais le pays a été totalement dévasté, ceci à cause d’une corruption extrêmement importante. Le Venezuela est le pays avec une inflation record au niveau mondial et qui ne cesse d’augmenter.

Le salaire minimum est de 3 dollars pour un coût de vie quasiment  similaire à celui de la France. La majorité de la population a perdu 10/15 Kgs depuis le début de la crise et c’est le 2ème pays avec le plus de migration en raison des conditions de vie. La situation est très critique.

Ce qui est ressorti les dernières années sur le pays, c’est un manque de vivres, une inflation des prix gigantesque. Comment vis-tu cela au jour le jour ?

C’est le côté très compliqué à gérer. Tu passes une excellente journée productive de travail, puis tu sors dans la rue… là tu y vois des enfants très jeunes (ou des personnes très âgées) chercher de la nourriture dans les poubelles, des gens faisant la queue pendant 5 jours à la station pour avoir de l’essence – alors que c’est le pays ayant le plus de pétrole au niveau mondial – et tu te dis que ce que tu as fait a eu un impact minime. Que tu ne pourras pas changer la situation globale. Les actions aident beaucoup de patients et familles mais ne peux pas combler des insuffisances si grandes. Il y a beaucoup de jours avec des frustrations mais il faut penser aux familles qui ont leurs conditions de vie améliorées et leur vie sauvée grâce à notre aide.

Côté acclimatation, as-tu été bien reçu à ton arrivée ?

J’ai été très bien reçu, j’avais adoré l’atmosphère en Colombie et je l’ai retrouvée au Venezuela. Les personnes sont très ouvertes, chaleureuses, et prêtes à t’aider sans forcément beaucoup te connaitre.

Si tu devais décrire le « Vénézuélien », dans ses façons d’être, son ouverture d’esprit etc. Comment en parlerais-tu ?

C’est très compliqué car je pense que la crise a modifié les valeurs. Chacun essaye de survivre a sa manière mais je dirais que c’est quelqu’un d’ouvert, de généreux, positif et qui adore rigoler.

Comment se passe la vie au Venezuela ? A quoi ressemble une journée type, métro, boulot, dodo, temps de travail, etc ?

J’y travaillais donc je passais beaucoup de temps dans les hôpitaux, puis je faisais du sport en fin de journée. En travaillant avec l’organisation nous avons les « mêmes » horaires qu’en France, cependant cela peut être différent dans certaines entreprises Vénézuéliennes. Par exemple, certains travaillent uniquement le matin pour qu’ils aient le temps de rentrer chez eux car il y a de grands problèmes de transports dans le pays.

Lors de tes temps libres, as-tu l’occasion de visiter le pays ? Si oui, de quelle façon ?

Oui bien sûr. Travaillant pour une organisation, nous avons des règles pour notre sécurité et certains endroits dans lesquels nous n’avons pas le droit d’aller, cependant il est possible de visiter de nombreux lieux dans le pays. Cela peut être par avion, par bateau, par bus, ou autre. Par exemple, pour aller au Delta del Orinocco nous avons utilisé les 3 moyens de transport par exemple. La majorité du temps je voyageais par voiture ou avion.

En comparaison avec la France, comment est le coût de la vie ? Que ce soit au niveau hébergement, nourriture, vie de tous les jours?

La coût de la vie augmente tous les jours. Je suis arrivé et 1 dollar valait 5 000 Bolivares, puis avant de partir cela valait 1 000 000… Malheureusement le salaire des gens est en Bolivares alors que la majorité des produits s’achètent en dollars.

Avant ça ne valait pas cher mais au fur et à mesure, le pouvoir d’achat diminue. En ce moment le coût de la vie est similaire a celui de la France je dirais, mais avec un salaire nettement inférieur (le salaire minimum de 3 dollars ). Un Médecin par exemple, travaillant dans un hôpital public, va gagner un « bon » salaire avec 200 dollars par mois. Cela ne permet malheureusement pas d’acheter suffisamment de nourriture pour le mois, et encore moins mettre de côté ou faire des extras.

Une anecdote qui m’a marqué c’est qu’à l’époque beaucoup d’Haïtiens vivaient au Venezuela car c’était l’eldorado d’Amérique latine. Quand je suis arrivé au Venezuela on m’a dit que la majorité des Haïtiens étaient rentrés chez eux. C’est cela qui m’a fait comprendre très rapidement la difficulté du Venezuela puisque ayant travaillé en Haïti, les conditions y sont très rudes pour la population… y retourner signifie que les conditions y sont « meilleures ».

Le Venezuela n’est pas, de notre point de vu, la destination « vacances », mais peut-être je me trompe. Y vois-tu de nombreux touristes , le pays est-il ouvert au tourisme ?

Par son insécurité cela fait des années qu’il n’y a pas de touristes, cependant à l’époque les gens venaient du monde entier vivre ou voyager au Venezuela. Le pays possède la chute d’eau la plus haute du monde (979 m), la montagne, le désert, des plages paradisiaques, des archipels, l’Amazonie, l’orage éternel du Catatumbo (phénomène unique au monde avec la foudre qui frappe pendant plusieurs heures pendant 300 jours dans l’année, un mystère scientifique), etc. Réellement je ne pense pas qu’un autre pays aussi petit ait autant de diversités et beautés au niveau de la nature.

Le pays est ouvert au tourisme mais cela est compliqué car par exemple, il n’y a pas d’argent dans les distributeurs bancaires, et une insécurité réelle.

Le pays est assez inconnu aussi pour nous. As-tu quelques pépites, quelques lieux incroyables, à nous donner ?

Bien sûr, il y a l’archipel de Los Roques avec le Cayo de Agua, un endroit fabuleux, l’île de Margarita, l’île de la Tortuga, le Delta del Orinocco, La Gran Sabana, Playa Medina, le Catatumbo, Mérida, l’Avila, Choroni, Moroccoy, la Colonia Tovar, Medanos de Coro, qui est un désert, le Salto Angel, les Hatos de los Llanos ainsi que d’innombrables plages aux eaux transparentes.

Quel regard ont les Vénézuéliens sur notre mode de vie occidental, que pensent-t-il des français ?

Je n’ai pas beaucoup évoqué le sujet mais je pense qu’ils doivent se dire que nous avons beaucoup de chance.

Aussi, à quoi rêvent les Vénézuéliens pour leur avenir ?

C’est très compliqué réellement. Je crois qu’ils vivent au jour le jour et ne se projettent pas car la situation ne le permet pas. Plusieurs millions de personnes ont quitté le Venezuela parce qu’ils ne visualisaient pas d’avenir ni une possibilité de vie dans leur propre pays.

Côté gastronomique, quelle est la spécialité du pays ?

Il y a l’arepa ! Ca se mange durant le petit-déjeuner et c’est une sorte de sandwich dans lequel tu peux mettre du jambon, fromage, thon, tomates, poulet, avocat,…

Les pastelitos sont des sortes de friands avec de la viande hachée à l’intérieur ou du fromage par exemple. Le plat le plus connu est le pabellon criollo. C’est du riz avec des tajadas (banane plantin jaune), de la viande et des haricots.

Egalement les empenñadas. En boisson la spécialité est la malte ou le papelon, qui est un aliment à base de canne à sucre qui se mélange avec du citron et de l’eau.

Ton aventure dans ce pays touche à sa fin, que t’aura-t-elle apportée, et que peut-on te souhaiter pour la suite ?

De continuer à travailler en voyageant, tout en ayant un impact pour la population et plus simplement être heureux 🙂  Merci Xav c’était un réel plaisir


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